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Lettre de Monsieur Bussienne

Les professionnels de l'automobile

Marcq en Baroeul  Le 10 décembre 2001,

Je ne possède aucune des archives demandées, seulement quelques photographies... Alors!... Je vais essayer de faire fonctionner ma mémoire, qui, aujourd'hui, travaille au ralenti...

A mon arrivée, le 16 novembre 1959, je fus surpris par l'endroit où j'allais travailler...

C'était des bâtiments sans étage, dont la plus grande partie, en bois, se trouvait sur pilotis, vétustes, mal chauffés (poêles à charbon allumés le matin, constamment surveillés, vidés le soir) penchant un peu en fonction du poids des câbles électriques pour l'éclairage et l'alimentation en force motrice des machines.

L'ensemble, en forme de rectangle, grillagé sur le pourtour, donnait sur la rue du Maréchal de Lattre de Tassigny, avec une petite entrée pour les élèves et l'accès au garage à vélo. La façade fut modifiée, en son centre, pour le passage des véhicules de la section des conducteurs routiers. La cour en terre battue ( un vrai cauchemar les jours de mauvais temps) avec, en son milieu, un bâtiment appelé "Nautilus" en raison de sa forme.

Une autre entrée, à l'emplacement de la rue de la Briqueterie qui jouxte la piscine, permettait le passage des véhicules de livraison et ceux qui étaient sélectionnés en fonction de l'intérêt pédagogique  ( Pas de travaux personnels ni de bricolage : peu motivants... ).

Le tout, cerné de terrains vagues ou trônaient  les ruines d'une ancienne briqueterie.

Ces bâtiments,  provisoires de longues années, furent détruits pour laisser place à la piscine municipale. Le remplacement se fit à l'endroit actuel par une construction du type "Pailleron", commencé en 1965/66 et terminée en 1970. Ceux qui exerçaient dans les ateliers annexes, arrivèrent les derniers, en 1971.

Nota: Il y avait eu avant mon arrivée, un atelier de menuiserie (éliminé par l'ouverture de la section " Peintre en carrosserie") et un atelier de cordonnerie ( remplacé par une salle de douches (2) et des WC ( 2 ouverts et 2 fermés).

A partir de 1957/58, l'établissement se spécialisa en automobiles.  

Dans ces anciens locaux, les Professeurs étaient parfois: maçons, charpentiers, couvreurs, menuisiers, peintres, etc... Tout cela hors temps scolaire, et même pendant une partie de leurs vacances! Quel courage!... Quelle abnégation!... Cela forçait l'admiration et le respect!... A l'époque, être enseignant était plus qu'un métier, un sacerdoce!... comme entrer en religion!...

Il y régnait une atmosphère de franche camaraderie, une cordialité extraordinaire, et cette serviabilité... Les anciens proposaient leurs services, simplement, gentiment, sans qu'on le leur demande, pour le plaisir d'être utiles, d'aider les nouveaux, les guider, et cela sur leur temps libre et quelque soit la spécialité, enseignement général ou professionnel. C'était surprenant, vivifiant et exaltant!...

Il y avait aussi des rencontres de football organisées entre enseignants et enseignés.

                                                                                  

Un parcours de cross-country annuel dans Marcq en Baroeul, avec d'autres lycées et collèges, réunissait cadres de direction, personnel administratif, agents de service, membres du service d'ordre pour réguler la circulation: élèves, professeurs, etc... Les courses se terminaient autour d'une boisson chaude préparée par le personnel féminin des cuisines... L'occasion de discussions animées et cordiales ou les barrières s'effaçaient, les liens se resserraient entre tous les participants.

Ne pas oublier qu'en ce temps là, les professeurs effectuaient 40h par semaine: 36h présence élèves et 4h de préparation obligatoires pour débits de matière d'oeuvre, tirage de "bleus" pour les cours en salle et les documents nécessaires aux exercices d'atelier...

L'arrêté du 6 décembre 1971, fixait, pour les élèves de B.E.P25h d'enseignement professionnel (dont 2h de traçage spécifique aux carrossiers). Malheureusement, le temps imparti à l'enseignement d'un métier se réduit de plus en plus, comme une peau de chagrin. Qu'en reste t il maintenant?... Le référentiel mis en place pour les élèves de chacun des métiers de l'automobile, représente, malgré quelques réserves, le minimum qui sera demandé aux enseignés. Car maintenant il ne suffit plus de bien connaître son métier, de bien le pratiquer, pour réussir dans cet avenir Européen, Il faut y exceller, s'y révéler supérieur moralement et professionnellement, s'y imposer par le caractère, l'ascendant et la ténacité.

Les enseignants appartiennent au service public, en tant que fonctionnaires, ils ont en commun de servir l'état et d'assurer un enseignement normalisé sur tout le territoire. L'institution a prévu d'inciter chaque groupe de professeurs à concevoir un travail collectif, sous la houlette d'un "leader" qui éprouve, bien des difficultés à jouer son rôle. Il faut s'interroger ensemble pour répondre ensemble et être capable de susciter, par le rassemblement des compétences  et la complémentarité de ses membres, une dynamique créative.

L'élève est demandeur d'une autorité qui soit une référence fiable, productrice d'un modèle d'approche intellectuelle et sociale et il pourra bénéficier toute sa vie des richesses enseignées. Aucun enseignant ne détient un savoir complet, mais chacun apporte à la construction de la personnalité de l'élève sa part de compétence unique et irremplaçable qui lui permet de remplir, avec succès son devoir d'enseignant et d'éducateur.

C'est la plus incontestable et la plus noble fonction de l'école!

Heureusement, il y a encore d'excellents enseignants. 

C'est à eux de tenir bien haut le flambeau, de prendre le relais de ceux qui ont fait la réputation de ce lycée, pardon, du C.A ( Centre d'Apprentissage ), C.E.T (Collège d'Enseignement Technique), L.E.P ( Lycée d'Enseignement professionnel ) puis L.P ( Lycée Professionnel ).

                                                               Jean Marie ANNICOTTE        le 10 décembre 2001

 

Monsieur Jean Bussienne, professeur de mathématiques, aujourd'hui en retraite et en pleine forme, a découvert le site et a envoyé une lettre retraçant ce qu'il a vécu.

 Cette lettre mérite d'être publiée, la voici...

 

Hellemmes, le 16 février 2003

            La description que donne notre collègue était déjà celle qui existait à Marcq quand je suis arrivé ; il m'a semblé entrer dans un camp de concentration ou de prisonniers ; tout était noir, couleur et odeur goudron ; les fenêtres ne s'ouvraient plus et il était impossible d'aérer.

            Je suis arrivé en octobre 1952 ; j'étais le seul professeur de mathématiques ; je faisais également physique, chimie et sciences naturelles (le corps humain) et hygiène.

            Il y avait deux professeurs de français : "le vieux Monsieur COCHETEUX" un homme charmant qui avait dépassé l'âge de la retraite, mais qui continuait à travailler parce qu'il n'avait pas assez de points ou d'ancienneté ; le samedi matin, il ne faisant pas cours et surveillait les douches hebdomadaires ; quand il a pris sa retraite, les douches ont été supprimées ; et Félix ERCOLI qui enseignait aussi l 'histoire, la géographie et la législation du travail.

            Un professeur de dessin industriel et de traçage de chaudronnerie :  Robert SIBILLE.

            Un professeur de menuiserie 1ère année CASTERMANN ; les élèves terminaient leurs études à Lomme.

            Deux professeurs de mécanique générale : KRIEGER  et  MOURETTE ; les élèves étaient ensuite orientés vers la mécanique automobile avec Bernard PILET et André DUSAUTIER ou l'électricité ( monteurs électriciens en bâtiments) ; je ne me souviens pas des critères d'orientation ; je pense qu'il s'agissait surtout des résultats de fin d'année plus que des souhaits des élèves ; je ne me rappelle pas non plus du nom du professeur d'électricité de cette époque ; je crois, sous toute réserve, qu'il a passé le concours de chef des travaux et été nommé à Sedan ou Mézières-Charleville ; il aurait été remplacé par GOULARD.

            Le professeur de tôlerie (formeurs en chaudronnerie) était Roland DELOBELLE  c'était aussi une section de 1ère année qui poursuivait son apprentissage dans les autres centres d'apprentissage : Lomme, Roubaix, etc..

            Je ne me souviens pas non plus du nom du professeur de gymnastique ; il a démissionné comme nombre de ses collègues quand il lui a fallu choisir entre prof et kiné (on disait encore masseur à cette époque). Il fut remplacé par Jean CRINON qui démissionna pour des raisons analogues quelques années plus tard et se consacra au reportage sportif pour ce qui est aujourd'hui la 3. ; un autre qui n'est pas resté longtemps étant du "midi" s'intéressait aux fouilles des grottes et nous avait invité à visiter celle dont il s'occupait, aux vacances. (en Ariège, je crois)

            Le chef des travaux était LALAU ; il enseignait aussi la technologie générale, les professeurs d'atelier enseignaient la technologie de spécialité. Il nous a quitté à l'ouverture du nouvel établissement en 1966-67 pour Lomme ou Haubourdin.

            A l'administration, il y avait le Directeur VAN DER ELST ou VANDER ELST (je penche pour la 1ère orthographe; DUMOULIN économe ; une secrétaire, une assistante sociale qui faisait aussi infirmière ; un médecin attaché à l'établissement, le Docteur POULAIN, venait régulièrement ; il arrivait avec une petite voiture rouge avec gyrophare des pompiers, ce qui impressionnait beaucoup les élèves.

            Nous hébergions aussi  CAPON, le chauffeur du recteur

            Le réfectoire était commun aux élèves, au personnel administratif et aux professeurs ; il y avait une allée centrale avec des tables de 12 (?) couverts de chaque côté de cette allée ; le personnel , dont le Directeur, mangeait à une grande table ; vu cette présence, les élèves se tenaient tranquilles ; malgré cela, deux professeurs devaient à tour de rôle, surveiller le réfectoire ; ils mangeaient avant ou après et ne payaient pas leur repas le jour de "service". Le personnel d'entretien mangeait à la cuisine. Par la suite, vu l'augmentation des effectifs élèves, mais pas de la place, on prit nos repas dans la salle des professeurs et ceux qui habitaient près de l'établissement, furent invités à manger chez eux.

            D'autres professeurs sont venus étoffer le personnel avec la création de nouvelles sections dont parle Jean-Marie ANNICOTTE : tôliers formeurs en carrosserie, tôliers réparateurs en carrosserie, électriciens en automobile, transporteurs routiers.

            En enseignement général, la section électricité bâtiment était réunie à la section électricité auto ; je me vois encore enseignant de mon mieux l'électricité théorique à un mélange de 15 "bâtiment" et de 12 "auto" aux programmes et finalités complètement différents, mais pour le directeur, de l'électricité, c'était toujours de l'électricité. La section bâtiment fut définitivement fermée quelque temps après la mort de GOULARD.

            L'enseignement général fut transféré dans le nouveau bâtiment en 1967 malgré nos vives protestations car le chantier était loin d'être fini et ce fut un hiver très pénible avec la boue dans laquelle nous pataugions. Aujourd'hui, les professeurs se mettraient en grève et, de toutes façons, on n'oserait pas les traiter ainsi.

            Sciences : Victor VANDERMOLEN,  arrivé en 1954 ou 55, nous a quittés pour Vedène (Vaucluse) en 1969 ; il fut remplacé par VEREZ qui nous quitta pour Antibes en 1989.Les premières femmes sont arrivées avec  PATKA et DELMOTTE

            Lettres et langues : Lucien LEFEBVRE a remplacé COCHETEUX ; puis Jean DENIER, Mesdames Danièle VANDENBOSCHE et Odile NAVET.

D'autres noms me reviennent :

                         Michel LOGEAIS,  Yves FACQ,  Roland LONCKE,  GILLES…  

                                                                                                           Jean BUSSIENNE

 

 

Reconstruction du lycée 

                  
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